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Le Laos dans tous ses états

VIP-Blog de phonsavane
  • 5 articles publiés
  • 0 commentaire posté
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 28/01/2012 21:13
    Modifié : 31/01/2012 18:14

    masculin (71 ans)
    Origine : Rochefort du Gard
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    [ Journal de voyage ] [ spiritualité ] [ Poèmes ] [ Pauvreté ] [ P.Ne pas parler Lao ] [ L'eau au Laos ]


     

    Premiers jours au Laos

    31/01/2012 18:14



     

     

     

     

     05 Sep 2011 14:22:
         De : claire.montigne@free.fr à   JoCarret

    Bonjour a tous
    nous sommes bien arrivés, les filles sont très heureuses et découvrent tout avec
    joie et curiosité. Pauline trouve tout super, Roxane est portée dans de multiples bras...
    Nous sommes chez Thi Von a Vientiane
    De prochaines nouvelles très prochainement, nous allons manger avec les filles
    bises à tous, à bientôt  Claire et Jo
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     jeudi 8 septembre
         J'ai plus de temps aujourd hui pour vous donner des nouvelles un peu plus
     détaillées Nous sommes partis voici une semaine, et arrivés depuis dimanche dernier.. Le voyage s'est bien passé, les passeports à la frontière aussi.
         C'est encore la saison des pluies ici, le ciel est souvent gris, il pleut deux fois
     par jour, une pluie chaude et lourde, qui mouille, mais on est vite secs. Il  fait très chaud aussi, parfois on coule de sueur sans rien faire.  Nous logeons pour le moment chez Thi Von, qui nous a présenté quelques-uns de ses amis expatriés. L'un d'eux nous a prêtés deux vélos avec sièges enfants, et  nous avons pu aller voir un peu la ville avec les filles, car Thi Von habite un quartier assez exc entré.
        Le programme de la journée est simple : école le matin (chez Thi Von,dehors
    sous  une tonnelle en métal pour se protèger de la pluie qui tombe par moments) puis  balades l'après-midi. Hier piscine, avant-hier vélo dans le centre ville, et aux bords du Mékong (baptisé l'ami du Rhône par Roxane).
         Ce week-end Thi-Von va nous emmener au bord d'une rivière un peu à l'extérieur
     de Vientiane.
        Nous mangeons beaucoup de riz, des fruits délicieux, les filles aiment bien la
     nourriture ici.
        Nous restons chez Thi Von encore 2 semaines, puis nous partirons à l'aventure.                    

                                            A bientôt                      famille Carret

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       Date : Wed, 7 Sep 2011 16:19:19 +0200
         De : Jihad Darwich      À : claire.montigne@free.fr

    Bonne arrivée à vous et belle vie.
    Nous vous embrassons plein et vous souhaitons un très beau séjour.
    Bises à vous quatre et à Thi Von.
    A bientôt.          Jihad et Françoise

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       Date : Thu, 8 Sep 2011 10:06:27 +0200
         De : Moana Ball <moanaccordeon@hotmail.com>
          À : claire.montigne@free.fr


    SALUT À VOUS LES VOYAGEURS,il est doux de se faire envoyer un peuu
    d'ailleurs...ici vous connaissez trop bien alors simple à vous d'imaginer la
    chaleur sèche et la lumière changeante de ce début d'automneje m'active et ça me
    fait du bien, besoin d'opérer des transformations moi aussi. ça passe par du
    rangement pour d'autres projets ensuite...je vous embrasse fort et continuez
    dans la douceur et le sucré des fruits                                    moana

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       Date : Fri, 9 Sep 2011 09:28:17 +0100 (BST)
         De : Jean BURNER <burner_jean@yahoo.fr>
          À : claire.montigne@free.fr


    Bonjour,

    merci pour vos nouvelles qui sont excellentes et qui font plaisir.
    Ici en Avignon, nous avons eu 2 ou 3 jours de pluie abondante qui ont fait
    beaucoup de bien à la faune et à la flore. Maintenant, un léger mistral a dégagé
    le ciel. Je m'occupe bien des chiens,chats,poules et arbres - Olivia a fait sa
    rentrée, elle est ravie. J'attends de recevoir Brigitte dimanche et je vous
    souhaite plein de bonnes aventures et découvertes. Dites bonjour de ma part à
    vos amis que je ne connais pas.

                    Bises.                       Jean

     





     
     


     

    Poèmes à Jean Damien

    29/01/2012 18:05









    Glissades et jeux d’eau


         L autre jour, nous avons fait une promenade de deux  ou trois heures en pirogue à moteur sur la rivière Namlick qui passe à côté de la guest-house. Ce sont de longues barques où on peut monter à six ou sept passagers , plus le barreur à l’arrière qui manipule un moteur fixé sur une perche de deux mètres et un guide à l’avant avec une gaffe pour éviter les rocher et les troncs d ar-bre. Peut être on va employer ce moyen pour aller dans le nord où les routes sont mauvaises.
    On avait une vue magnifique sur les grand arbres et les falaises des rives. C’était splendide.

         Ensuite, comme c était encore tôt, on est allé faire du kayak sur le lac. Il est plus tranquille que la rivière, mais la aussi les gilets de sauvetage sont obligatoires. J’étais seule sur un kayak, Roxane et maman sur un autre et papa sur un troisième. Après la pluie diluvienne de la nuit, il n y avait pas un nuage. On a tous pris des couleurs... et de l appétit pour manger à treize heures le sanglier et le riz gluant, les fruits du dragon et le melon.

       Je vous embrasse       Namlick …………..début octobre                 Pauline et Joseph Carret

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    Déluge


         La mousson s'est vraiment réinstallée, avec des pluies diluviennes toutes la  nuit et une partie de la journée : le matin jusqu'à  11 heures et l'après-midi à  partir de 17 heures. Le Mékong est énorme et occupe tout son lit, des routes  sont coupées et les rues de la ville rapidement inondées sous les averses. Cela a commencé lundi et nous a surpris vers dix-sept heures . Un des pneus de nos  deux vélos, passablement fatigué, ayant éclaté, on a laissé l'engin à un petit dépanneur du bord de la route. Claire a fini par rentrer avec l'autre vélo et  les deux filles dessus, pendant que je continuais à pied sous la pluie tropi-cale et dans la nuit qui commençait à tomber. J'ai alors découvert, sensible et attentif comme je le suis actuellement, un état que je n'avais jamais encore expérimenté : sous des trombes d'eau, les vêtements collés à la peau, les vê-tements devenus la peau, les pieds dans les flaques tièdes jusqu'aux chevilles, sans savoir si on suit la bonne direction ni comment et quand cela va finir. Mais aucune peur ni panique, au contraire une certaine élévation, un élan, car la contre partie de cette submersion c’était de se sentir libre, infiniment libre, libre des petitesses,  comme doivent l'être les va-nu-pieds et les sans terre dont parle Guttirez dans son livre sur l'Eminente  Dignité des Pauvres, ou comme les immergés du Jourdain. Et aussi de faire partie, intimement, orga-niquement, sans hiatus, de ce monde mi-air, mi-eau qui m'entourait.
     
               Je vous embrasse, mon ordinateur rouspète….. l'orage???

                                                                 Vientiane …. mercredi 14 septembre 2011….Joseph Carret

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    EAUX  PROFONDES


         La rivière Nam Kim Bun a creusé sur sept  kilomètres un tunnel dans le rocher, la
    grotte de Tham Kong Lor . Nous l avons visitée. Quelle que soit l’épaisseur  habituelle de
    mes ressentis, j ai approché ce matin là des sensations dont j’avais jusqu’à ce jour ignoré l’intensité.

         Dès entrer dans la grotte, l impression qui vint à moi la première au contact de l obscurité humide dans laquelle j’étais plongé, ce fut la peur, peur dense, physique, totale, l’effroi du sépulcre. Peur d autant plus sensible corporellement que la renforçait le glissement de l’eau rapide comme le courant sous la pirogue, tantôt ralenti lorsque le ventre plat de l embarcation raclait sur le gravier des hauts fonds, tantôt au contraire accéléré pour franchir d’un bond une barre de rocher. Les dimensions n’existaient plus : où était mon corps... et où était le corps
    des autres ...

         Puis les images se pressèrent à mon esprit comme pour le rassurer et donner sens au vide. Ainsi vinrent à moi Robinson Crusoë et Simbad s’échappant de leur naufrage, les nautoniers des fleuves antiques faisant passer les âmes aux enfers pour y être jugées;  Guilgamesh,
    envoyé par le vieillard, traversant l’océan des ténèbres pour accéder au lieu où lui serait enfin expliqué pourquoi l’homme n est pas immortel; une goutte de sang circulant dans le corps
    au rythme irrégulier des battements du cœur....

         Malgré l attente, de m’être installé dans la situation et sur le banc de l embarcation, un certain bien être était en train de renaître. C est alors que la barque aborda sur la rive gauche, échouant sur un banc de sable noir. Les guides trouvèrent rapidement les interrupteurs qui commandaient l’illumination d’une immense salle dont les voûtes de calcaire s’élevaient très haut . La promenade fut merveilleuse parmi les concrétions calcaire ; chevaliers changés
    en statues de sel, anges descendant éternellement du ciel, nains, géants, monstres aux poses alanguies, tous les êtres de cet univers pétrifié faisaient de ce royaume une sorte de paradis celtique, un autre monde, le lieu d’en bas .

         Les lumières éteintes, malgré les faibles lampes de nos guides qui se  perdaient dans la hauteur des roches, la course repris dam la quasi obscurité. Posé comme une graine de sésame dans une jarre, la sensation qui alors domina en moi fut celle d une germination, d’une promesse.

         Je fus alerté par la lueur aperçue de loin et qui approchait. Mes yeux peu à peu cessèrent de cligner et quand la pirogue entra dans le havre de calcaire bleu qui terminait le tunnel, je fus ébloui par un soleil de fête. C’est cette délivrance lumineuse que j attendais et dont la joie me fit exulter jusque dans mon corps.

         Plus tard, le soir, avant de sombrer dans le sommeil, je méditai alors sur le destin de celui qui, dans sa dimension divine, était descendu trois jours aux enfers: était- il allé se rendre compte, au plus profond de la condition humaine, du prix qu’il devrait payer pour que l homme puisse renaître libre et éternel.

                                       Vendredi 30 novembre,  Packse au Laos…………….. Joseph Carret

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     LES EAUX DU LAOS



         Nous qui venions du pays des vents, des terres sèches et des côtes du Rhône, nous avons rencontre l’eau, cet élément que nous ne connaissions quasiment que par ouï-dire. D abord,
    au début de notre séjour, ce fut les averses diluviennes de la saison des pluies : quand on se laissait surprendre - mi consentants cependant - par l’une d’entre elles, il y avait après la surprise la joie d ‘être possédés par cette caresse humide: Chaque nuit et tous les jours en fin d’après midi, bruit sur les tôles des toitures, chemins argileux transformés en bourbiers glissants, cours d’eau à la limite supérieure de leur étiage, grandes flaques aux endroits bas de la route, cloaques puants dans les nids de poule, rizières pleines et visages épanouis des paysans ... et des autres aussi, car lorsque la fête de la pluie et de la boue approche , les gens, tous sexes confondus, ont la promesse de pouvoir se rouler sur le sol fangeux et dans les flaques...En attendant, les filles profitaient des nombreuses plages de sable fin que les méandres des cours d eau laissait sur leur passage.

          À cet univers Yin, saisonnier, correspond, pour composer avec lui, un élément yan très puissant et persistant, le fleuve Mekong, épine dorsale du Laos - et du Cambodge aussi. Ses affluents, petits et grands, sont légion : sur 100 km de route, il faut une trentaine de ponts pour pouvoir passer les nombreux cours d’eau que l‘on croise et qui, plus que les routes bourbeuses ou défoncées,  sont les véritables voies de communication. Les pirogues de toutes tailles, à fond plat, qui les sillonnent assurent la respiration du pays, ses communications, son économie, sa religion et sa culture; même s ils sont coupés de chutes infranchissables qui défendent presque chaque région , cascades gracieuses qui dévalent du plateau des Boloven - le haut lieu des caféiers- et des montagnes Annamites ou chutes très impressionnantes lorsque le Mekong descend à un niveau raisonnable dans son delta avant d’aborder le Cambodge.

      Ces eaux majestueuses se transforment dans tout le pays en eau du quotidien puisée pour les maison et que l’on retrouve avec son limon dans les salles de bain, utilisée pour les potagers, particulièrement ceux que l’on construit avec des troncs d’arbres sur les rives en pentes des cours d eau, mais surtout conduite en rigoles pour irriguer les rizières - ou fournir aux buffles des mares où s’immerger.

      L eau que l’on ne boit pas pour cause d’éventuelles bactéries, on l’ingère d ailleurs d’une autre manière, on la mange en quelque sorte : poisson délicieux chaque jour au repas, algues et autres produits aquatiques en entrées, magrets plus ou moins tendres de canard en fonction de l’âge du prestataire, cuisses - dont nous nous sommes abstenus - de très grosses grenouilles  appelées communément crapauds en France.

      D’où le nombre impressionnant sur  terre et sur l’eau de pêcheurs, de carrelets, de pirogues en attente, de filets pour lesquels  de vielles bouteilles en plastique servent de flotteurs ou de repères, de plomb, de ficelles - dont les bouts font la joie de Pauline -. Ne dit-on pas que de la chasse, du braconnage et de la cueillette proprement dite, les paysans pauvres tirent presque la moitié de leurs ressources .

                                                                                                               Joseph Carret - Packse, fin Novembre

      PS. Comment réagirons nous quand il nous faudra sortir de ce monde humide? C est ce que vous saurez en lisant le prochain épisode des aventures de Roxane et Pauline << Deux sauvageonnes veulent sécher l’école >>.
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     30 Nov 2011 11:21:34 De:      Proust Anne Marie à       jocarret

                                   sur :  Les eaux du Laos


    superbe ce texte sur l'eau ! d'ailleurs, tous vos textes et photos nous permettent de découvrir un bien beau pays, ça donne envie d'y aller. Pas étonnante la réaction des "deux sauvageonnes", on pouvait s'y attendre,c'est le contraire qui m'aurait étonnée. Elles auront beaucoup de choses à raconter aux copines, elles en ont appris bien plus que sur les bancs de l'école....Et les parents, ils sont pressés de rentrer ? pas sur !
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    30 Nov 2011 19:11:23

    De:      Jean Damien ROUMIEU à  jocarret

    sur : eau profonde au Laos


    Magnifiques, tes textes, Jo ! Tu fais pleuvoir des ondées douces sur nos êtres en un seul lieu accrochés au quotidien.


    Embrasse tes filles, embrasse Claire de la part de Renée et de moi-même.
    Je prendrai un moment pour te répondre de façon plus substantielle.
    A bientôt. Renée et Jean-Damien.

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    6 Dec 2011 15:47:24   De: yoan mourles à  "jocarret

    c'est très très chouette de vous lire au travers de tes mots, et de sentir un peu du Mékong et de ses eaux. Je vous embrasse. Yoan

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                            Je vous envoie ces poèmes: il m ont fait, à moi, tellement de bien  

    Heureux qui comme Ulysse
         Loin du Laos avec mes amis
         Au Laos loin de mes amis
         Les ronchons diraient qu’il manque toujours quelque chose
         Pourtant, ici ou là ,le bonheur a pleine brassées

    Devinette

         Assis à l arrière, deux vieux bonzes dont l’un fume et prend des photos
         Prises entre deux sacs de riz, une jeune fille bien vêtue joue avec son téléphone
         Juste devant nous, un vieillard dont la vie a marqué le visage
         Une femme avec sur les genoux une poule dans une cage monoplace
         Autobus ou pirogue à voyageurs?


    Indépendance alimentaire
         Viennent à l'aube demander l’aumône pour leur nourriture quotidienne
         quatre cents bonzes en file indienne par volées de quarante.
         Parmi les fidèles agenouillés sur le passage du cortège,
         deux femmes donnent à chacun une poignée de riz gluant
         La plus jeune a un enfant; l’enfant a une petite corbeille d’osier
         Les vieux bonzes y jettent les friandises industrielles sous Cellophane
                                                                                         qu’on leur a offertes


    Le ciel ne répondant plus
         Depuis qu’on a décroché du ciel les divinités
         Je ne sais plus à qui rendre grâce
         Pour ce grand bonheur que je reçois
         Alors, pour le faire partager, je m adresse à vous   

                          Vertige
                                    Moi qui ai déjà tellement vécu,
       

                              je me demande parfois avec émotion ce que je fais là                               
                              Mais je ne chasse jamais ce vertige par                              
                              des images de ce que j'ai laisse derrière moi                                                                            Toujours pour me rétablir, je reviens à ma joie présente                               
                              et à la claire conscience de mon bonheur
                                                        

                                                        Luang Prabang le 20 octobre 2011

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------    De Jean Damien à Joseph Carret

    Ces poèmes t'ont fait du bien, nous dis-tu, et nous sommes récipiendaires au premier chef  de cet élan libératoire.

    " Restant sur ton seuil, visite le monde. " Ce précepte de Lao-Tseu, hors un voyage très fructueux dans le désert, fut toujours mien, plutôt contraint et forcé, il faut le dire, par ma fragile santé.

    Tu m'aides donc à visiter le monde depuis mon seuil, à rendre plus infinie encore la plaine que je visionne depuis la terrasse de notre maison.
    M'aide aussi actuellement à visiter le monde, un livre de Aung San Suu Kyi intitulé "Ma Birmanie". Visiter le monde et l'âme humaine, ou plutôt, dirai-je, l'idéal de l'âme humaine, le plus haut de son courage, de son efficience sur ce monde.
    As-tu quelques nouvelles de cette "Gandhi" de notre temps, quelques nouvelles de la Birmanie, frontalière du Laos ?
    Bien à toi et aux dames, grande et petites, qui ont la grande chance de t'accompagner.
                                                                                             Jean-Damien Roumieu

     ------------------------------------------------------------------------------------------------------- De JoCarret à Jean Damier le lundi 24 octobre

       Ce que je donne a ressentir de ce quotidien laotien que j aime, ce  n est pas

    mon bien propre , mais la conjonction du regard des enfants et des nôtres qui se

    croisent sans cesse avec amour, joie et distance, avec cet humour aussi qui

    donne aux montagnes leurs reliefs et aux moindres choses leur profondeur.

       À préciser aussi que sans les longues recherches de Claire pour nous amener

    aux bonnes places, les monts et merveilles ne viendraient pas aussi facilement à

    nous.

       Sur Aung San Suu Kgi et la Birmanie, j ai vu passer - assez vite- ici au Laos

    un fascicule de Stephan Hessel sur ce sujet.

    Amitiés JoCarret

    ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------



        Wed, 26 Oct 2011 12:55:45
    De:      Jean Damien ROUMIEU  à  jocarret
    Cher Jo,
    Nous te, et vous suivons dans ce périple qui doit certainement se présenter comme un "pélerinage aux sources", selon le titre du fameux livre de Lanza del Vasto, qui, malheureusement, a fait trop peu de disciples en Occident.
    Mais sait-on jamais, il y a certainement des recoupements avec ces mouvements de jeunes "indignés"  (honneur à Stéphane Hessel encore une fois ), qui naissent partout à travers monde.
    Le mot "indigné" fait, selon moi, davantage appel à la réflexion, à la liberté et à la force de la pensée, que le mot "insurgé", avec tout le processus de mimétisme, de désespérance et de violence que nous lui connaissons.
    Tellement enchanteur, si, comme vous quatre, nous savions ouvrir notre regard à la nature, pourrait être notre monde !
    En réponse et partage à tes beaux et vivants poèmes, je t'adresse cette respiration devant les feuillets de l'horizon :

    " Oiseau mêlant l'oubli à l'évidence d' Être
    Son destin nos destins suspendus au fil du Tout du Rien
    Echappant aux sabliers du temps crépusculaire
    Dérobant le breuvage et le grain aux mains des lassitudes
    Armé comme nul ne peut l'être contre les feux d'épines lacérant le futur
    Il transcrit l'incertain sur le livre de l'air 
    s'ajuste au vide au plein de la lumière
    Jouer jouir mourir
    happé par le sans fin du sel par la vague hautaine
    Tout est trace  sa trace entre nos chairs fragiles et l'exigeant soleil. "


    A bientôt de te lire, vous souhaitant en bonne forme, en bonne santé, en constant étonnement.

                                                                                                                                                Jean-Damien R.

    ===========================================================================================

    De  geraldine.oliver@laposte.net le lundi 24 octobre

     alors Joseph...

    j'ai l’œil  humide et pourtant
    il y a plein mistral à l'Isle
    Toi qui appréhendais
    cette petite mort, ce grand saut vers...où ?
    Tes poèmes sont...gais
    de la  Joie des er...mites
    Pour le Père inquiet,
    Pour le Mari soucieux,
    Pour l'Homme HEUREUX
    Que ce voyage semble extatique....

    Merci de ton partage, merci de vos messages, je ne suis pas pressée de vous revoir, tant vous êtes libres et vivants à l'endroit où vous êtes.

    Avec tout mon Amour,

    MOUR-CI BEAU COUP !!!!!


    Pour ROXANE (avant tout un Gros Calin et... HEP! Garçon !!!! pour PAULINE, la même chose siouplait !!! un Gros Calin aussi !!!)

    Nous Sommes venus par une belle soirée d'hiver dormir chez tes parents,
    dormir chez Jo & Claire, parents de Pauline à ce moment,
    J'attendais mon bébé, depuis 4 mois environ, et je crois bien que cette fois ce fut une invitation
    Invitation magique d'un bébé à un autre futur enfant, d'Elyo à Roxane ?... allé, vient, c'est sympa, il fait bon !
    Quand j'ai revu Claire, elle t'avais à son tour dans son bidon, en préparation !

    Belle plante qui se promène avec son abeille butineuse
    Belle et vivante la boucle joyeuse
    Ton sourire est un coeur battant
    Alors Bravo Roxane pour tes 4 ans !
    Petite femme au bout du monde, nous t'aimons tendrement !

    applaudissements pour toi et mille bizoux de soie !!!!!

    @ bientôt
    prenez soins de VOUS ...bizoux tout doux
    Nous Sommes venus par une belle soirée d'hiver dormir chez tes parents,
    dormir chez Jo & Claire, parents de Pauline à ce moment,
    J'attendais mon bébé, depuis 4 mois environ, et je crois bien que cette fois ce fut une invitation
    Invitation magique d'un bébé à un autre futur enfant, d'Elyo à Roxane ?... allé, vient, c'est sympa, il fait bon !
    Quand j'ai revu Claire, elle t'avais à son tour dans son bidon, en préparation !

    Belle plante qui se promène avec son abeille butineuse
    Belle et vivante la boucle joyeuse
    Ton sourire est un coeur battant
    Alors Bravo Roxane pour tes 4 ans !
    Petite femme au bout du monde, nous t'aimons tendrement !

    applaudissements pour toi et mille bizoux de soie !!!!!

    @ bientôt
    prenez soins de VOUS ...bizoux tout doux

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    Date:      Mon, 24 Oct 2011 21:33:38 +0200
    De:      "geraldine.oliver" <geraldine.oliver@laposte.net à       jocarret30650@free.fr
    Objet:      Re:Que Ta joie demeure !

    Merci de ton, de votre Partage
    je suis HEUREUSE par contamination
    et je me réjouis de ta plénitude...
    Boudha Joseph
    je continuerai de lire avec émotion vos messages à tous les 4...à la lumière de tes commentaires.
    @ très bientôt
    Géraldine


        > Message du 24/10/11 11:13
        > De : jocarret30650@free.fr à  "Geraldine O"
        > Objet : Que ma joie demeure
        >
        >
     L’occasion de ce message, deux précisions :
    -    Ce que je donne a ressentir de ce quotidien laotien que j’aime, dans mes poèmes, ce n’est pas mon bien propre , mais la conjonction du regard des enfants et des nôtres qui se croisent sans cesse avec amour, joie et distance,  avec cet humour aussi qui donne aux montagnes leurs reliefs et aux moindres choses leur profondeur.
     À préciser aussi que sans les longues recherches de Claire pour nous amener  aux bonnes places, les monts et merveilles ne viendraient pas aussi facilement à  nous.
     
     Te dire un peu plus précisément, avec des mots nets, la qualité de mon bonheur : tu ne peux pas imaginer combien j ai conscience de cette plénitude de vie  qui , a 72 ans, me permet de vivre avec Claire et d’être le père de ses  enfants, d’être homme sans rien avoir a prouver ni rien à réaliser sauf d’ accompagner les enfants pour qu’ils trouvent leur voie.
          Bises    JoCarret

    ===================================================================

        Joseph Carret  à  Jihad Darwichel , Yoan Mourles ...le  Dimanche 30 octobre 2011,

        Bonjour,
        Un petit message de Ventiane ou nous sommes pour l’anniversaire de Roxane et
        pour  lundi aller refaire nos visas en Thaïlande toute proche. L’occasion de
        faire un petit bilan des séances culturelles auxquelles nous avons assisté:
       
        +  Pour mention,  une séance de méditation dans un temple
      
        +  Un épisode du Ramayana laotien joué par les ballets nationaux en chants,
        danses, costumes et masques traditionnels - masques que nous avons revus au musée -.
        Chaque samedi, parmi d autres danses, un épisode de l’épopée est donné par cette
        troupe professionnelle d’assez jeunes acteurs.
      
        +  Hier et avant hier soir, en plein air sur les rives du Mekong, dans une mise
        en scène fastueuse, de l’opéra chinois, avec chants suraigus, maquillages
        merveilleux en même temps de vérité expressive et de stylisation, personnages
        types - pour qui connaît les codes... Nous y sommes allés deux soirs de suite
        car il nous était difficile d’en supporter plus d une heure ( or le premier soir
        la sono était réglée trop fort , pour couvrir les bruits de la fête.
       
        +  Ce que nous avons vu de meilleur, c est à Luang Prabang le festival
        international de danse Hip-Hop des pays du Mekong les samedi et dimanche 22 et
        23 octobre. L’ouverture était donnée par les ateliers Hip- Hop de jeunes
        amateurs.... ils feraient un malheur à Avignon.
           On a vu de Singapour et de France des danses assez poétiques mais trop lentes
        pour le millier de personnes - à majorité de moins de 20 ans - venue applaudir
        le mouvement et l’énergie. Ce qui était le plus apprécie c était les
        interventions à deux personnages sur le mode du défi: je fais cette prouesse,
        peux-tu en faire autant ?  Particulièrement lorsqu’il y avait introduction de
        comique dans la « battel », comme avec les danseurs du Myanmar dont l’un était en
        habits traditionnels et l autre en rapeur . Un français, seul mais aidé d un
        tabouret à roulettes a eu aussi beaucoup de succès : il dansait très
        dynamiquement et très expressivement sur les chanson de Brel Les Bonbons et
        Madeleine, la dérision, l amour be(t)at, la déception,...
           Ce que nous avons le plus aimé, c est la prestation de la troupe laotienne;
        son numéro commençait comme une liturgie a un personnage et continuait de
        rencontres en défis jusqu’à une simulation de boxe taïlandaise, l ensemble avec
        les gestes du théâtre traditionnel laotien et du hip hop mêlés. Les filles et nous mêmes
        étions ravis.
           Je vous embrasse... et merci de me donner l’occasion de mettre des mots sur
        nos plaisirs.
           Jo

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    le Jeudi 1 décembre
    De Joseph Carret à Claire, Jihad, Géraldine, Jean Damien, Sophie et Lya Rome 

        Dans les 4000 îles du delta du Mekong, j’avais vraiment l’impression d’avoir trouvé mon milieu naturel. Par exemple, lorsque je faisais mes shi-kong, où que mes yeux se tournent, mon regard portait sur un paysage apaisant: pelouse habitée de cocotiers, buffle débonnaire broutant le chaume dans une rizière, cours d eau aux rives en pente cultivées où se côtoient plusieurs herbes et légumes...D’où le poème ci-dessous. Promis, c est le dernier pour un certain temps car nous partons ce soir voyager dans le nord.

                                                              AUBE

      L autre nuit, comme j’étouffais dans le bungalow, je me suis retrouvé dans la
    rue obscure. Un feu brillait quelques cours plus loin; la très vieille femme qui
    l’entretenait de palmes sèches et de brindilles semblait endormie dans son
    rêve, peut-être enlevée dans une méditation sur sa vie.Comme je poursuivais, un bruit souple me parvint dans le noir : l’homme, à coups de sa lourde branche, enfonçait un piquet pour changer sa bufflesse de place. Pendant que la maman découvrait son nouveau domaine, le petit - né de la nuit à voir pendre son cordon- cherchait la mamelle. Le levant était dégagé, juste quelques arbres, et j’espérais un beau lever de soleil.  Les étoiles une à une s’éteignaient dans le ciel encore sombre. Je me mis debout en posture de contemplation selon les préceptes bouddhistes, juste tendu comme une corde de harpe .Hélas, ce jour là, Messire le soleil mis deux petites fois à se lever: une pour sortir du lit des collines, l'autre pour émerger de l’édredon de nuages. Depuis ce matin là, je viens tous les jours à mon lever saluer la bufflesse et son petit ... mais du ciel je n’attends plus avec autant de certitude la grande merveille du soleil qui se lève.

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    De:      francoise carret à Jo Carret
    sur Hier a l aube au Laos

       C'est bien dommage ! c'est quand même la chose la plus universelle que le levé du soleil ! Regarde, nous ici on a aussi le  soleil, mais les bufflesses, ne courent pas les vignes !

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    Thu, 1 Dec 2011 13:01:32 De    Jihad Darwiche à      jocarret
                        sur Hier à l aube au Laos

    Cher frère de case.
         Je lis tes messages avec beaucoup de bonheur, et j'ai l'impression à certains
    moments qu'une partie de moi chemine à côté de toi sur les routes de l'Asie.
    Je sais que tu excuseras la rareté de mes réponses. Je continue à mener une
    vie un peu folle, de route en route, de pont en pont, de ville en ville, mais
    j'aime toujours ce tourbillon.
        Profite de ce cadeau que la vie t'offre. Nous le partagerons encore mieux
    avec toi à ton retour.
        Et puis, n'arrête pas d'écrire.
        Je t'embrasse. Embrasse tes dames pour moi.Toute la tribu Darwiche vous embrasse. A bientôt. Jihad.
    P.S: Parviz va beaucoup mieux. Il me demande souvent de tes nouvelles

    =======================================================

    C’était aux 4000 îles, à Don khon...

    Joseph, je me souviens qu'un jour vous m'aviez demandé de vous raconter des anecdotes. J'ai deux histoires qui m'ont beaucoup marquée. Les    voici …                                      Sophie Rome

    Une histoire de femmes

    Nous étions en poussette, ma petite Lya ne voulait vraiment pas marcher et l'île m'a enchantée, de vrais coups de foudre visuels, le vert émeraude des rizières m'a éblouie. Nous étions en route vers les cascades, il n'y avait presque pas d'habitations...mais la vision de la poussette, ma peine à avancer dans les ornières attiraient la sympathie sinon la curiosité.
    Nous sommes passées devant une maison rudimentaire. Il y avait une femme d'une vingtaine d'années. Elle étaient accompagnée de deux enfants , trois ans et six mois...elle s'amusait avec le bébé qui n'était pas le sien. En apercevant Lya qui avait sauté de joie en voyant le petit garçon, elle nous a invitées à boire un verre d'eau et nous a donné du riz., la seule chose que Lya mangeait, j'étais heureuse.
    Puis j'ai regardé la femme dont la beauté était saisissante : Un visage aux contours harmonieux, dont les pommettes, les yeux en amandes et la bouche pulpeuse formaient la géographie principale. Ses membres étaient longs et fins. Et surtout, elle avait un sourire merveilleux. De plus, elle était profondément "bonne" et généreuse, les regards ne trompent jamais, elle semblait si heureuse, c'est peut être pour cela  qu'elle était si belle. Puis elle s'est levée et ce n'est qu'à ce moment que j'ai réalisé qu'elle était enceinte de peut-être huit ou neuf mois!!!!
    Une autre femme, maman du bébé est arrivée avec un sac rempli d'un liquide inconnue. Elle était belle aussi et possédait cette "grâce du bonheur "et surtout d'une gentillesse au moins égale à celle de son amie. Elle m'a donné un verre du liquide mystérieux, quelle générosité !
    Je me suis dis que, enceinte comme était la jeune femme, elle devait passer son temps à se reposer, alors je fus très surprise lorsqu'elle s'équipa pour aller travailler dans les rizières, il commençait à pleuvoir.
    J'ai saisi avec mon appareil l'instant où elle regarde le ciel d'un air inquiet : ce sera ma photo du Laos.
    Nous décidons alors de partir Lya et moi...
    Nous revenons le lendemain car la maison se situe sur notre chemin pour aller vers une plage ou je voudrais me baigner.
    Il y a juste la seconde femme qui vient nous accueillir avec un verre rempli d'un liquide tout vert. C'est très bon. J'entends de doux murmures, derrière des paravents de fortunes annexés à la maison. Et puis aussi des rires de femmes, d'enfants, c'est gai. …et puis d'un seul coup, les cris d'un bébé, Lya est surprise. Son expression fait rire la femme, elle est invitée à venir voir le baby, quoi????? le baby?  
    je suis invitée aussi et ce que je vois est irréaliste pour moi et mes critères occidentaux. La jeune femme si belle est allongée sur un matelas composé de lattes de bois…elle sourit, avec ce même ravissement que la veille, des rites s'installent, je ne comprends rien... nos regards se croisent et elle m'offre un sourire
    à moi qui ne suis rien.
    En cet instant. le nouveau né est si rouge qu'il est presque noir!
    Je crois que c'est une fille.
    Je m'en vais, je fuis. je me sens voyeuse et suis submergée par l'émotion.
    les enfants sortent, joyeux, ils crient.
    il n'y a aucun homme.
    je reste prostrée par l'émotion et Lya reste à l'intérieur de la chambre.
    Cela parait si simple, si sain. Et surtout si joyeux...
    Je suis ébahie par tant de simplicité
    Une histoire de femme, le père est un peu plus loin, il est saoul et pas très gai.






    La petite fille et le buffle

    Lors d'une promenade de quelques kilomètres, qui pour nous est une véritable expédition - La poussette menaçant de céder à tout instant -,
    j'ai remarqué une petite crique où des buffles viennent se rafraîchir
    et un vieil homme qui se baigne ;
    il y un trou d'eau impressionnant mais calme, juste avant le courant.
    Je veux faire comme le vieil homme.

    Je décide d'aller me baigner, toute habillée, et tente de ressentir ce que procure pour les plus indigents ce rituel qu'offre le Mekong.
    J'oublie un peu Lya que j'ai laissée sur l'herbe! je connais son aversion pour l'eau et son peu d'intrépidité.
    Je me retourne cependant après m'être enfuie dans
    mes pensées et suis saisie par ce que je vois.
    Lya est dans l'eau, assise, juste à quelques centimètres d'un buffle qui se roule lui aussi dans l'eau et plonge la tête régulièrement en laissant échapper quelques
    bulles.
    Elle regarde le spectacle, fascinée comme peut l'être un enfant de trois ans
    et je reste saisie par cette image, cette bête immense et ma petite fille qui a d'ordinaire si peur de l'eau et de tout en général, juste à côté,
    essayant d'imiter le buffle

    comme moi j'ai imité le vieil homme.






     





     
     


     

    Vie antérieur de Bouddha :

    29/01/2012 09:34



     
    Vie antérieure de Bouddha
    La Légende du Prince Wetsantara




    Dans la religion Bouddhiste, chaque personne vit plusieurs vies : dans chacune, il acquiert des mérites qui lui permettront dans la phase finale de connaître le Nirvana : Le personnage du Prince Wetsantara est le dernier avatar, la dernière forme hu-maine, qu’a vécu Sidharta avant d’être Bouddha l’Éveillé.

    Le texte ci-dessous est celui que nous avons relevé dans le palais du Roi – transformé en musée - à Luang Prabang et que nous avons traduit de l’anglais. Chaque paragraphe correspond à un tableau. Nous avons ajouté quelques commentaires – en italique- afin d’assurer la cohérence du récit pour ceux qui ne sont pas familiers des pagodes : en effet, dans presque toutes, la légende est représentée dans des fresques, avec des   versions complémentaires d’une pagode à l’autre, de sorte que certains épisodes sont dans l’une évoqués brièvement ou ignorés alors qu’ils sont sur-représentés dans une autre.



    Avant d’être incarnée en humain et de devenir la mère du Prince Wetsantara, Budsadi a demandé au Dieu Phaene ( appelé ailleurs Sakkha ou Indra ) de lui accorder la réalisation de dix vœux :
    - Premier vœux : être la reine du Roi dans une époque prospère.
    - Second vœux : avoir des yeux noir comme ceux d’un nouveau né.
    - Troisième vœux: avoir des sourcils bleus comme des ailes d’oiseaux.
    - Quatrième vœux : avoir le nom de Phouthasady.
    - Cinquième vœux : avoir un bébé.
    - Sixième vœux : que son ventre ne grossisse pas quand elle sera
      enceinte
      - Septième vœux : que sa poitrine reste verticale comme un lotus     et   ne tombe pas quand le bébé tétera.
    - Huitième vœux : que ses cheveux restent noirs et ne devien-nent     pas   gris comme ceux de la plupart des femmes.
    - Neuvième vœux :  que son corps reste beau pour toujours.
    - Dixième vœux : que les personnes exécutées échappent à la mort.

    Plus tard Budsadi a épousé le Roi Srisonsay et son fils , le Prince Wetsantara, est né.

    Devenu adulte, le Prince avait coutume de distribuer ses biens  au point de ne rien garder pour lui. Un jour, alors qu’il distribuait des offrandes,  le Prince a donné son éléphant blanc qui était l’animal sacré du royaume. Grâce à lui, la prospérité du pays était assurée. En le donnant, certainement à des puis-sances étrangères, le Prince avait appauvri son royaume.

        Le peuple fut très en colère contre le Prince d’avoir donné l’éléphant blanc : au point qu’il fut obligé de quitter le royaume. Il décida alors de se rendre dans la jungle de l’Himalaya pour devenir un ascète.

        Avant de partir, il organise un don de sept cents donations.

        Le Prince est parti dans un carrosse en or avec Mathi son épouse, Sarli son fils et  Kanha sa fille. Pendant le trajet, le Prince a donné le carrosse et les chevaux à ceux qui les lui ont demandé.

        Finalement, la famille est arrivée dans la petite ville de Jeta-ra. Le Prince a continué son chemin jusqu’à la jungle où il est devenu un ascète. Il mangeait et dormait peu et, surtout ,n’approchait pas son épouse.

        Cependant, à la demande de sa femme,  un cruel homme nommé Jujaka quitte sa maison pour chercher des serviteurs: Cet homme assez âgé avait une épouse jeune dont toutes les autres femmes se moquaient quand elle allait chercher de l’eau : pour ne plus subir ces sarcasmes, elle demanda à son mari de lui trouver des serviteurs, des esclaves, qui la remplaceraient .

        Jujaka rencontre un chasseur engagé par le Roi pour proté-ger le Prince Wetsantara. Celui-ci dit à Jujaka que le Prince vit dans la montagne Aransarakiri.

    Jujaka, le vieil homme, connaissant la réputation de géné-rosité du Prince, décide d’aller lui demander ses enfants.
    Ainsi,  il poursuit son voyage jusqu’à ce qu’il arrive à la maison de l’ermite Ajurta :  ce  dernier va le renseigner sur le lieu où se trouve la maison du Prince.  

    Jujaka s’approche de la maison du Prince mais il attend pour faire sa demande que l’épouse ait quitté les lieux pour aller cueillir des fruits et que le Prince soit seul avec les enfants.

    Il demande au Prince de lui donner ses deux enfants ;  le Prince accepte.

    Les enfants se cachent dans les lotus mais leur père les trouve et leur demande de partir avec Jujaka.

    Pendant qu’elle ramassait des fruits, Mathi, la mère s’est sentie inquiète pour ses enfants. Mais comme elle rentrait trois démons, des devabutras se sont changés en tigre sur son chemin pour lui interdire le passage et l’empêcher d’aller sauver ses en-fants.

    Pour voir jusqu’où irait son détachement, le Dieu PhaEne se transforme en brahmane et demande au Prince de lui donner sa femme. Le Prince accepte.

    Le Dieu lui rend sa femme en le bénissant et lui propose de faire des vœux : ils en font huit.

    Pendant ce temps Jujaka rentre chez lui avec les enfants mais il se perd dans la jungle et arrive chez le Roi Srisonsay : celui-ci reprend les enfants.
    En guise de récompense, il autorise Jujaka – qui a le ventre vide-  à manger autant qu’il le voudra : le malheureux mangera tellement au delà de ses possibilités qu’il explosera.

    Le Roi Srisonsay demande au Prince Westsantara de
    revenir à la ville. Le Prince accepte.

    Le Roi abdique et le Prince est couronné Roi.





     

     





     
     


     

    Lettre d'une jeune fille pauvre à ses maîtres

    29/01/2012 08:49




    LETTRES du LAOS

    Lettre d’une jeune fille pauvre à ses maîtres



                                   Lettre d’une jeune fille pauvre à ses maîtres

      Jeunes filles et jeunes femmes, filles et femmes un peu moins jeunes, voilà ce que m’ont dit leurs paroles, leurs corps agiles ou fatigués, leurs visages multiples et leurs sourires, voilà ce que j’ai voulu mettre dans la bouche de l’une d’entre elles.

      «  Je ne sais ni lire ni écrire ni parler anglais mais un écrivain  public, un de ceux qui essayent d’être la voix des sans voix, a bien voulu porter ma parole.
              Qu’on lui pardonne ses maladresses, inexactitudes, fautes d’appréciation  et erreurs, sa partialité et son engagement, ses silences aussi. Il a écrit ce texte à chaud. Mais, avec le temps,  il serait très reconnaissant à ses amis qui apporteraient des corrections à son texte.
              Quoi  qu’il en soit, il faut bien préciser que ce texte ne s’adresse pas aux « maîtres » qui ont fait de leurs frères humains des objets, objets  qu’ils utilisent pour accroître leurs richesses et leur pouvoir. Il s’adresse aux « riches »  qui ont constaté que la montée effrayante des inégalités ne pouvaient plus durer indéfiniment sans qu’une crise radicale l’arrête, il s’adresse aux « riches » qui ayant pris conscience de ces injustices luttent pour les réduire et pour trouver d’autres voies de vivre ensemble.
                
                Ce n’est pas étonnant que ce texte soit né au Laos et je crois que la description qu’il propose de ce pays est globalement très vraie – malgré les nombreuses approximations qu’il serait vraisemblablement possible de rectifier. Pourtant, chaque fois que je relis ce texte, moi qui connais un peu des pays où sévit la pauvreté comme l'Egypte ou la Tunisie, qui connais aussi les banlieues où j’enseignais et militais, ce qui me frappe, c’est que beaucoup de jeunes filles pauvres d’autres pays ou de quartiers défavorisés de nos villes pourraient envoyer à leurs maîtres des lettres du même type.
                                                                                                           Joseph Carret-Tarrek



    À mes maîtres


    [ 1.  « Les pauvres sont responsables de leur pauvreté. »]

         Dans votre grande sagesse, vous nous dites que nous les pauvres sommes responsables de notre pauvreté, que si nous sommes pauvres, c’est que nous le voulons bien, que nous ne réfléchissons jamais avant d’agir, que nous ne prévoyons pas, que nous ne comptons pas, que nous sommes dépensiers, flambeurs, joueurs, parieurs, que les hommes sont infidèles, surtout quand ils trouvent un peu  d’argent pour se payer une fille.

      Vous nous accuser de manquer d’ambition, de projet, de vision du futur;
    nous construisons à tour de bras mais, dites-vous, nous ne sommes même pas
    soucieux d’entretenir les constructions que nous avons faites; de même nous
    faisons des enfants que nous aimons d’affection mais dont nous ne occupons guère
    et que nous laissons s’élever tout seul. Dans le meilleurs des cas, nous nous occupons de nos affaires, de notre maison, de notre vie, mais jamais de la chose publique, de la rue, des ordures que nous balançons n’importe où, tout juste en dehors du périmètre où nous vivons.


    [ 2. Pas d’avenir pour les pauvres !  ]

      Mais je vous répondrai que si nous n’avons pas de vision d’avenir, c est que
    nous n avons aucun moyen d’agir sur notre avenir. Le salaire mensuel d’un maçon
    ou d’un enseignant en fin de carrière atteint rarement les 500 000 kips ( 50-55
    euros environ), un jeune instituteur de campagne gagne 300 000 kips ( 28 euros
    environ)  une employée de maison touche 12 000 kips à l’heure pour un travail
    sérieux et de confiance. Mon amie, dont le compagnon cependant travaille ,  ne
    parvient pas à faire des économies, cela malgré son désir de se faire construire
    une maison pour ne plus habiter chez sa mère. Votre sœur elle-même, enseignante
    en fin de carrière à Phonsavan, et son mari sont obligés
    d’avoir un second métier, lui conducteur de touk-touk, elle d’élever des
    buffles. Quand elle a pris la maison des parents, ma sœur a emprunté pour
    ouvrir au village une petite épicerie dans la pièce qui donnait sur la rue: à
    mesure qu’elle vendait, elle dépensait l’argent et ne pouvait pas renouveler
    les marchandises qu’elle avait achetées à crédit...Microcredit, comme vous dites,
    mais pour nous les remboursements ne sont pas micro.

      Un travailleur qui gagne moins de 500 000 kips par mois, comment voulez vous
    qu’il espère faire des économies et qu’il se mette à compter... S’il ne veut pas
    sombrer dans le désespoir, il ne faut pas qu’il accorde de l importance à l’argent. Alors, il se ruine a acheter des boissons énergétiques (le frère du Président est bien placé dans  la société qui les vend ...président, je crois) ou bien il boit de l’alcool sous forme de bière s’il a quelques moyens ou de Lao-lao; l’alcool de riz pas cher. Pour essayer de secouer les dés de la fortune, il joue son peu d argent à parier aux cartes, à la pétanque, dans les rencontres de boxe thaïlandaise et laotienne, ou dans des combats de coqs. C’est qu’il compense son manque quotidien d’agressivité par ces rites d’une rare violence qui peuvent aller jusqu’à l’antique sacrifice du buffle.
      Il en va de même quand vous nous accusez de préférer bâtir plutôt qu’entretenir : Dans un monde où chacun est convaincu que tout est éphémère, le travailleur privé ou le fonctionnaire préfère goutter une excitation rapide à monter un bungalow ou un petit restaurant que de se fatiguer à garder en état des biens dont il n’est pas certain de profiter longtemps.


    [ 3.Nous autres les pauvres, l’Histoire ne nous a pas gâtés]

         Si notre courage peut sembler usé, à nous, les gens d’en bas, c’est que la conquête et l’oppression ont pesé lourdement sur nous pour rendre encore plus destructrice la pauvreté : guerres fratricides entre les royaumes laotiens et les royaumes voisins    , corvées dues à l’ordre colonial français  , massacres par les envahisseurs japonais   , enrôlement de force par les deux partis et bombardements massifs par l’aviation américaine, enfin ce fut le nouveau régime communiste  , l’aide conditionnelle des Etats Unis, de l’URSS, du Viet-Nam et actuellement, de la Corée et de la Chine.  Et l’inégalité, prise dans les filets de réseaux nationaux et internationaux , est telle qu’il est impossible de lutter …...


    [ 4.Les pauvres ( bouddhistes) sont –ils soumis ?]

         Vous pourriez nous reprocher non seulement de nous laisser berner mais d’être trop soumis aux oppresseurs, de ne pas nous opposer à eux, de ne même pas nous insurger quand il y a une banale coupure sans avertissement de l’eau ou de l’électricité, ou quand on ne nous permet pas de consulter le cadastre.
         Mais le défilé même des puissants et des régimes politiques qui se sont succédés dénonce leur faiblesse et leur caractère transitoire. Et cela renforce la doctrine bouddhiste théravada, dominante au Laos : La compréhension du monde révèle la certitude que la réalité est inéluctable (anatta) et toute chose éphémère
    (anica) et que c’est de s accrocher à une chose qui crée la douleur ( DUKHA).


    [ 5. Même le soi-disant progrès nous enfonce dans notre pauvreté.]

         Pour notre défense, nous dirons que même de la modernisation et du progrès  nous n’avons récolté que les inconvénients. Les routes, les écoles et les services médicaux, les pharmacies et les hôpitaux ont évolué a un rythme très lent depuis les Français : en cas de problème sérieux, il faut toujours aller se faire soigner à Bangkok. Les tracteurs chinois ont remplacé les buffles pour labourer les rizières, les scooters , téléphone portable et internet permettent d’aller vite. Pour quoi faire ?..Pour libérer du temps et avoir ainsi le loisir d’intégrer les modèles consuméristes de l’occident. Les structures traditionnelles qui fixaient des règles sont en voie d’effondrement , les assemblées de village sont remplacées par des fonctionnaires du parti et la distance entre nous et les riches augmente chaque jour.
          Dans les villages, les modes traditionnels et éprouvés de culture qui parvenaient à nourrir les populations sont remplacées par les directives de techniciens parachutés qui n’ont plus la perspective de nourrir en riz la population mais de promouvoir des cultures commerciales comme le thé, la cardamome, la canne à sucre ou le bois dont on pourra exporter la production contre devises...


    [ 6. Et le tourisme ? ? ?]
              [ Et les ONG ?]

          De la même façon, où pensez vous qu’ira l’argent du tourisme que les responsables s’acharnent à promouvoir ?  Aux plus riches, capables de faire construire et entretenir des structures d’accueil et d’animation. Les autres commenceront des constructions qu’ils ne termineront ou n’équiperont pas : Il restera aux pauvres à loucher sur les chairs recuites des belles étrangères et à absorber petit à petit des modèles culturels qu’ils n’auront pas les moyens de suivre. – aidés en cela par la télévision qui s’est universellement répandue grâce à la parabole jusqu’au villages les plus reculés..


    [ 7. L’école pourrait elle nous sortir de la pauvreté ?]

         Je ne parle pas ici des écoles de riches, internationales, françaises, chrétiennes, etc … mais de l’école publique, celle qui devrait sortir le plus grand nombre de la pauvreté et de l’ignorance, voire assurer à certains une promotion sociale.
         Quand on parle Laotien, et non uniquement le dialecte d’une des nombreuses ethnies, l’école nous apprend non seulement à compter et à lire mais aussi à nous tenir propre et à suivre une discipline. Mais c’est insuffisant pour façonner des citoyens : Un enseignant, qui perçoit mensuellement la moitié du salaire d’un maçon et qui est obligé d’avoir un second métier, est en droit de ne donner à ses élèves que la moitié du temps de la journée. Or , en quatre heures par jour, dont une heure de récréation, de foot ou de pétanque, il est impossible de donner aux élèves une formation civique et de les éduquer à la coopération et au respect de la nature.
        « De toutes façons, les élèves-enseignants, à qui on essaie d’inculquer essentiellement des notions d’économie et d’anglais, et qui restent bien souvent au chômage à la sortie de leurs études, ne sont pas eux-mêmes éduqués à cet enseignement moral et citoyen.
          Ils n’ont pas non plus compris qu’enseigner devait être de leur part une action civique.
          Par ailleurs, les personnes d’un certain âge qui seraient susceptibles et  capables de dispenser aux élèves un enseignement humaniste acceptent rarement de faire du bénévolat. Pourtant, c’est de cela dont les enfants du Laos ont besoin : non de connaissances supplémentaires mais qu’on leur dise comment se conduire, comment se comporter, dans la dignité et la liberté. »  

         Ainsi l’école ne nous aide guère à sortir de notre condition par l’apprentissage de  la solidarité: Heureusement, que pour cela, il reste la famille élargie.

         Avant de quitter le sujet, il faut mentionner trois systèmes de prise en charge éducative qui méritent l’attention, même si elles comportent une part d’éléments contestables ; en effet,  elles pourraient constituer un début de solution à des problèmes qui se posent partout dans le monde.
         
         La première est la transformation de la pratique universellement répandue de la cousine pauvre, servante ou esclave sans salaire et sans jour de congé . Au Laos, certains propriétaires de Guest-houses font venir en ville des jeunes gens des villages et leur offrent, en échange de leur travail , une double formation, en anglais et comme personnel d’entretien, voire d’animateur touristique.

          La deuxième, déjà pratiquée en Inde à ma connaissance, est la constitution d’internats pour orphelins et enfants en difficultés : au Laos, ce sont les moines bouddhistes qui recueillent ces enfants à qui ils apprennent à lire et à écrire le laotien ainsi que le Pali, la langue des écrits religieux. Ils envoient certains moinillons à l’école publique : on les voit jouer dans la cours où ils sont reconnaissables par la couleur jaune orangé de leur vêtements.

          La troisième planche de salut pour les jeunes, mais il est vrai que contrairement à la France et malgré les possibilités de brassage,  cela touche surtout les enfants de milieux aisés, c’est une danse moderne que des artistes ont su mettre à portée du public par des cours, des rencontres ou des festivals et par une musique, le hip-hop.


    [8. Et nos hommes ? Face à notre pauvreté ? Ils nous enfoncent encore…]

         Il est un autre facteur de pauvreté qui pourrait nous accabler, nous femmes, c est cette prééminence immérité des hommes - ce machisme commençant d’ailleurs dans la religion puisqu’on dit que pour atteindre le Nirvana une femme doit préalablement être réincarnée en homme-.
         Ces messieurs sont pour la plupart bien installés, pour le plus grand prestige de la famille, à des postes qui, pour être stables et dignes comme celui d’instituteur n’assurent pas pour les plus bas un salaire décent. À la maison, ils ne s’astreignent à aucune tache ménagère sauf parfois garder les enfants. Pourtant, et bien qu’ils viennent habiter au logis de leur épouse – un « certain » temps après le mariage du moins -, ce sont eux qui décident de tout.
          Ils sont joueurs au point que le code de la famille laotien a prévu le cas et fait de la trop grande fréquentation des jeux un motif pour demander le divorce.
         En cas d abandon du foyer conjugal, ils ne sont astreints le plus souvent à aucune pension alimentaire. Quant aux femmes qui ont été délaissées, leur réputation perdue, elles sont obligées d’aller à la capitale où, dans l’anonymat, elles ouvriront un commerce des légumes qu’elles se procureront au village…à moins qu’elles ne fassent commerce de leurs charmes.
         Aussi, certaines d’entre nous , les plus avides de richesses ou les plus marquées par les modèles occidentaux, rêvent-elles d’épouser un étranger expatrié ou un laotien de retour au pays pour la retraite ou après avoir fait fortune. Pourtant, elles n’ignorent pas que ce sont les plus infidèles et les plus susceptibles de transmettre de vilaines maladies.


    [ 9. Nos meilleures cartes]  

         Pour la plupart, nous laissons aux puissants et aux cadres du parti leur pouvoir, leur luxe et leur orgueil et à nos hommes leurs paris, leurs match de foot ou de boxe Thaï, leurs beuverie à la bière ou au lao-lao entre amis. Nous ne baissons jamais la tête car nous savons que notre richesse n’est pas de cet ordre. et que nous avons des alliés autrement puissants.

         D’abord, la nature fait pour nous des merveilles: nos paysages, nos rivières, nos forêts nous donnent sans compter, fleurs, herbes nourricières, aromatiques ou médicinales, champignons, petits rongeurs, …au point que nos cueillettes assurent une grande partie de notre subsistance, 40 pour cent disent certains, surtout si on y joint ce que les hommes ramènent de la pêche et de la chasse . Sans parler des bambous et du teck dont nous construisons nos maisons, nos meubles, nos palissades, …
    ...
         La nature est avec nous, mais aussi toutes ses forces obscures, celles de la lune que nous vénérons fastueusement avec nos chants, nos lumières et nos danses, quand elle est pleine, celles des esprits qui peuplent tous les éléments, à commencer par ceux des ancêtres que nous vénérons aux limites du village par des « ponts » et dans leurs petites maisons placées face à la porte principale de chaque maison et à qui nous ne manquons pas d’offrir bougies, bâtonnets d’encens, nourriture et boisson.

         Pour faire front aux politiques, fonctionnaires et autres patriarches, détenteurs de richesses, de pouvoir et d’autorité, nous avons une autre force, celle de la « sangha", la communauté bouddhiste du village. Toujours, malgré les interdictions politiques, nous avons collecté de l’argent pour les pagodes et nourri les moines de riz gluant, de poisson et de viande. Ayant fait voeux de chasteté et ne constituant pas un clergé séculier qui intervient dans les affaires publiques, ils nous laissent tranquilles . Mais en échange de la nourriture, ils nous bénissent pour nous porter chance et nous donner du courage , ils prennent nos enfants orphelins ou sans famille dans leurs écoles et  monastères et surtout ils nous autorisent à nous réunir librement entre femmes dans les pagodes pour y partager repas et bonnes nouvelles.

         Ajoutez à cela la confiance et l’entraide qui nous lient entre femmes et vous comprendrez que même pauvres  nous ne baissons jamais la tête.

    ______________________________________________________________________  Femmes au Laos       C’était aux 4000 îles, à Don khon...

    Joseph, je me souviens qu'un jour vous m'aviez demandé de vous raconter des anecdotes. J'ai deux histoires qui m'ont beaucoup marquée. Les    voici …                                      Sophie Rome

    Une histoire de femmes

    Nous étions en poussette, ma petite Lya ne voulait vraiment pas marcher et l'île m'a enchantée, de vrais coups de foudre visuels, le vert émeraude des rizières m'a éblouie. Nous étions en route vers les cascades, il n'y avait presque pas d'habitations...mais la vision de la poussette, ma peine à avancer dans les ornières attiraient la sympathie sinon la curiosité.
    Nous sommes passées devant une maison rudimentaire. Il y avait une femme d'une vingtaine d'années. Elle étaient accompagnée de deux enfants , trois ans et six mois...elle s'amusait avec le bébé qui n'était pas le sien. En apercevant Lya qui avait sauté de joie en voyant le petit garçon, elle nous a invitées à boire un verre d'eau et nous a donné du riz., la seule chose que Lya mangeait, j'étais heureuse.
    Puis j'ai regardé la femme dont la beauté était saisissante : Un visage aux contours harmonieux, dont les pommettes, les yeux en amandes et la bouche pulpeuse formaient la géographie principale. Ses membres étaient longs et fins. Et surtout, elle avait un sourire merveilleux. De plus, elle était profondément "bonne" et généreuse, les regards ne trompent jamais, elle semblait si heureuse, c'est peut être pour cela  qu'elle était si belle. Puis elle s'est levée et ce n'est qu'à ce moment que j'ai réalisé qu'elle était enceinte de peut-être huit ou neuf mois!!!!
    Une autre femme, maman du bébé est arrivée avec un sac rempli d'un liquide inconnue. Elle était belle aussi et possédait cette "grâce du bonheur "et surtout d'une gentillesse au moins égale à celle de son amie. Elle m'a donné un verre du liquide mystérieux, quelle générosité !
    Je me suis dis que, enceinte comme était la jeune femme, elle devait passer son temps à se reposer, alors je fus très surprise lorsqu'elle s'équipa pour aller travailler dans les rizières, il commençait à pleuvoir.
    J'ai saisi avec mon appareil l'instant où elle regarde le ciel d'un air inquiet : ce sera ma photo du Laos.
    Nous décidons alors de partir Lya et moi...
    Nous revenons le lendemain car la maison se situe sur notre chemin pour aller vers une plage ou je voudrais me baigner.
    Il y a juste la seconde femme qui vient nous accueillir avec un verre rempli d'un liquide tout vert. C'est très bon. J'entends de doux murmures, derrière des paravents de fortunes annexés à la maison. Et puis aussi des rires de femmes, d'enfants, c'est gai. …et puis d'un seul coup, les cris d'un bébé, Lya est surprise. Son expression fait rire la femme, elle est invitée à venir voir le baby, quoi????? le baby?  
    je suis invitée aussi et ce que je vois est irréaliste pour moi et mes critères occidentaux. La jeune femme si belle est allongée sur un matelas composé de lattes de bois…elle sourit, avec ce même ravissement que la veille, des rites s'installent, je ne comprends rien... nos regards se croisent et elle m'offre un sourire
    à moi qui ne suis rien.
    En cet instant. le nouveau né est si rouge qu'il est presque noir!
    Je crois que c'est une fille.
    Je m'en vais, je fuis. je me sens voyeuse et suis submergée par l'émotion.
    les enfants sortent, joyeux, ils crient.
    il n'y a aucun homme.
    je reste prostrée par l'émotion et Lya reste à l'intérieur de la chambre.
    Cela parait si simple, si sain. Et surtout si joyeux...
    Je suis ébahie par tant de simplicité
    Une histoire de femme, le père est un peu plus loin, il est saoul et pas très gai.

    La petite fille et le buffle

    Lors d'une promenade de quelques kilomètres, qui pour nous est une véritable expédition - La poussette menaçant de céder à tout instant -,
    j'ai remarqué une petite crique où des buffles viennent se rafraîchir
    et un vieil homme qui se baigne ;
    il y un trou d'eau impressionnant mais calme, juste avant le courant.
    Je veux faire comme le vieil homme.

    Je décide d'aller me baigner, toute habillée, et tente de ressentir ce que procure pour les plus indigents ce rituel qu'offre le Mekong.
    J'oublie un peu Lya que j'ai laissée sur l'herbe! je connais son aversion pour l'eau et son peu d'intrépidité.
    Je me retourne cependant après m'être enfuie dans
    mes pensées et suis saisie par ce que je vois.
    Lya est dans l'eau, assise, juste à quelques centimètres d'un buffle qui se roule lui aussi dans l'eau et plonge la tête régulièrement en laissant échapper quelques
    bulles.
    Elle regarde le spectacle, fascinée comme peut l'être un enfant de trois ans
    et je reste saisie par cette image, cette bête immense et ma petite fille qui a d'ordinaire si peur de l'eau et de tout en général, juste à côté,
    essayant d'imiter le buffle

    comme moi j'ai imité le vieil homme.

    =======================================================================

    From:jocarret to: "Bellot" <a-g.bellot@wanadoo.fr>;<burner_jean@yahoo.fr>; "Jihad" <jihad.darwiche@sfr.fr>; "Claire montigné ; "Jean Damien Roumieu"
    Sent: Tuesday, December 13, 2011 3:57 AM


    Subject: corrector...non terminator

    Je suis désolé ne lisez pas cette horreur sans queue ni tête que je vous  ai ennvoyee hier: mon systeme de fragments ajoutés par copie collé s'est averré catastrophique, des bloc répétés, d autres qui manquent... Attendez une  mouture  plus conforme à ce que je veux dire.
    Mais quand même, je vous embrasse bien fort.
     JoCarret
    _____________________________________________________________________________________________________Date:      Mon, 12 Dec 2011 13:18:10     De:      Jean Damien ROUMIEU  à       jocarret

        Beau et convaincant plaidoyer à l'adresse des femmes laotiennes. Il faut bien sûr te pardonner pour tant de coquilles.
    L'urgence n'est pas dans la grammaire, bien que tout écrivant/écrivain doit en être implicitement le garant avancé.
       Pour le reste, quelque publication, quelque journal, je ne vois vraiment pas. Nous avons en France ( et plus que jamais en ce moment ) l'habitude de nous plaindre ( nous rêverions sans doute de deux ou trois quatre-quatre par foyer, de deux piscines pour une même habitation, d'un déferlement de cadeaux stupides pour nos enfants ).
        Ton message si important paraîtrait indécent. Il n'y a que les peuples opulents qui ont le droit de revendiquer une "croissance" indéfinie.
        Ton message ressemblerait à une invite à partager avec le monde, ne serait ce que d'une pensée plus large que nos incrustations dans la routine consumériste ne nous en donnent la licence.
        Je ne veux cependant pas te décourager, mais je connais trop bien le coutelas qui convoite les ailes d'une justice par-delà les classes sociales, les races, les frontières.
        Nous devons sans doute nous contenter de précieuses et rares proximités. La mienne propre, tu le sais, t'est acquise et t'accompagne, même si je parais un peu amer face au futile qui se présente, en nos pays, en tous les lieux.

         À toi, à vous quatre, et aux femmes et hommes du Laos à travers vous, un obstiné salut, une accolade telle celle d'un oiseau qui s'interroge : le ciel est bien muet pour les humains, mais que cela ne les empêche de plaider à bon escient.
                                                                                                                                                      Jean-Damien R.

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      Mon, 12 Dec 2011 15:23:34  D'Annie Belot à JoCarret

    Dans un 1er temps c'est bien trop long à  lire
    J'ai bien commencé mais je ne sais si je vais continuer,
    À plus    Bises à  tous 4              Annie

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      Tue, 13 Dec 2011      De:      Jihad Darwiche  à     jocarret
    Salut à toi.
    Ouf!
    J'ai passé un moment hier à essayer de coller les morceaux du texte. J'attends la nouvelle mouture.
    Je t'embrasse.                     Jihad

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    Jesus: biographie d'un insoumis

    29/01/2012 08:45





        Joseph Carret-Tarrek
    Maison des Norias à Rochefort

                           à
    P. B. et les petits frères de Campagne
       Saint Sulpice la Pointe 81370

                           Bonjour à tous,
          Je n ai pas abandonné mon projet d écrire pour Pauline et Roxane une vie de Jésus qui leur soit accessible et d’où elles puissent tirer des principes de vie.
         Sans savoir si ma démarche vous intéresse, si vous êtes disponibles ou avez le temps, je vous envoie le début de mon travail . Peut-être me renverrez vous quelques remarques inté-ressantes...
         Fin Novembre 2011        Amitiés,.              JoCarret

         Plus j’avance dans cette vie de Jésus écrite avec un certain point de vue, plus cet évangile selon Jules Ferry  - voire même saint Gandhi- ne me satisfait pas ; et plus je me demande comment faire une place à l’exigence de spiritualité et de transcendance que chaque homme ressent : je vois en Jésus un défenseur de « l’imminente dignité » des pauvres; j’ai essayé d’enlever tout ce qui pourrait enfouir Jésus dans la liste des Dieux de l’antiquité que Pauline va découvrir à l’école, d’où ce récit dépouillé de toute  transcendance facile. 
        Mais surtout, il fallait débarrasser aussi ce texte de toute mo-rale culpabilisante du genre «  Le Petit Jésus te voit quand tu es vilaine... »   
        C’est donc, un récit que j’ai voulu abordable par des enfants, et aussi par mes amis laïques ou non chrétiens – au risque qu’il ne soit reçu ni par les chrétiens, ni par les laïques, ni par les enfants.
    Pourtant, je crois qu’il faut que nos enfants connaissent les grands moments de cette vie, les articulations principales de sa bio-graphie; mais aussi, après l’échec de notre époque, ce qu’il y a de moderne dans les choix que Jésus revendiquait et que certains re-prennent aujourd’hui : non violence, non agression non croissance, …
         Que nos filles et nos fils connaissent et éventuellement suivent d’abord Jésus tel que je le présente, ils le vénéreront un jour peut être dans sa dimension divine s’il choisissent de le faire. Mon projet , minuscule, même si j’ai dû passé quelques nuits et quelques heures d’internet, a-t-il un peu réussi?
    De toutes façons, amitiés                        Luang Prabang   le 19 décembre    Joseph Carret




    LA VIE DE JESUS RACONTEE A MES FILLES


    1 . Préalables pour les parents qui voudraient présenter ce texte à des enfants.

         Je voudrais essayer de retrouver par cette recherche la personne de Jésus, pas la personne réelle - c'est trop difficile et c’est un travail d’archéologue -, plutôt le personnage qui s’est construit de siècle en siècle à travers la parole des gens - y compris les Evangiles - , comme on pourrait le faire pour Jules César, l’Empereur Hadrien, le Roi Arthur, Jeanne d’Arc ou Bouddha.
     
         Mais assez de gens ont dénoncé avec violence les diverses ins-trumentalisations qui avaient été faites de la vie de Jésus: massa-cres, croisades, violences et exactions  diverses commises en son nom; grandes théories théologiques et dogmes bien cimentés pour mystifier les naïfs et surtout faire écran au message tout simple de Jésus – sans parler des instrumentalisations actuelles : un Christ-Roi tout puissant, garant d’un ordre moral qui  condamne et exclut, défenseur d’un fondementalisme culturel qui prétend éradiquer toutes pensées libres et toutes formes différentes de spiritualité,  soldat agressif d’une vigilance aiguë à l’égard des autres  religions.

       Je ne prendrai donc pas en considération ces aspects négatifs qui m’empêcheraient de trouver le sens que je cherche à cette vie de Jésus. Je ne conserverai que ce qui a été dit, selon moi, de beau et de bon à son propos et je ne puiserai dans la mémoire collective que ce qui a illuminé la vie de gens que j’aime et admire : l’abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, Lanza del Vasto, et – malgré le business des marchands dans sa ville natale d’Assise et parce que c’est le pre-mier écolo – Saint François d’Assise.
                                                                        
     2. Avant Jésus

         On a du mal à savoir exactement en quoi les religions antérieures au christianisme ont contribué à infléchir ce qui a été dit et cru de la vie de Jésus : par exemple, que doit le récit de sa mort et de sa résurrection au personnage divin d’Osiris et à son supplice...
         Avant Jésus, dans le monde méditerranéen, on vénérait les esprits, nymphes, naïades, faunes, demi-dieux, …Mais surtout, on adorait Cybèle, la Déesse mère, principe de fécondité, et aussi, avec des «mystères » et des rites compliqués réservés aux riches, Mithra, le Dieu-taureau symbole de puissance.
         Beaucoup de religions pratiquaient la mise à mort rituelle, le sacrifice,  de l’ancien pouvoir  pour faire place au pouvoir nouveau, celui de la lumière, de la chaleur, du printemps, de la pluie...
         Il y avait aussi des hommes qui s’étaient auto-divinisés, comme certains empereurs romains ou, sous une forme très atténuée, les rois de France qui se déclaraient lieutenants de Dieu dans leur royaume.
         Ailleurs, pour accéder au spirituel, c’était le chamanisme ou le culte des esprits qui prévalaient, comme actuellement au Laos ou chez les indiens Peau-Rouge d’Amérique.  En Orient, pour chercher une élévation de l’esprit, on pratiquait le Taoïsme ou le Boud-dhisme; En Inde, le Brahmanisme organisait le monde surnaturel autour de forces divines, qui s’équilibraient et apparaissaient sous de nombreux avatars : Brahma, le créateur, Shiva le destructeur, Vishnou le préservateur et Parvati, la Déesse-mère.
       En Palestine, alors occupée assez rudement par les romains, des hommes que l’on appelait les Pharisiens passaient leur vie à se livrer à des pratiques rituelles et à étudier la Bible; certains l’étudiaient de si près qu’ils faisaient dire aux textes quasiment ce qu’ils voulaient, par exemple que le peuple juif était le peuple élu, choisi par Dieu, affirmation dont certains israéliens se servent encore aujourd’hui pour  justifier les horreurs qu’ils font subir aux habitants ordinaires du pays.

    3. Naissance de Jésus

         Si en Occident, les chrétiens ont choisi de faire naître Jésus un 25 décembre, date où le jour et la lumière augmentent, c’était pour indiquer de quel espoir et de quelle énergie  cet événement était le signe.
       Si Saint François d’Assise dans ses crèches a insisté pour le faire naître dans une des étables de Beithleem, en terres sèches de Palestine, parmi des gens humbles, bergers et paysans, à qui il apportait la joie d’une fête de naissance et qui participèrent par des chants, des danses ou des dons, c’était pour le faire témoigner dès ses premiers jours  de la grandeur et de la dignité des pauvres que l’on rejette et brime habituellement.
       Si on a  dit que de savants astrologues, les Rois Mages, guidés par une étoile,  étaient venus dans l’étable lui apporter des présents du monde entier, or, encens et myrte, c’était pour affirmer le caractère universel, international, de cet événement. À tel point que les chrétiens Orthodoxes célébrent la Naissance ce même jour des Rois.

       Enfin, pour affirmer que Jésus, dès le début de sa vie et en pleine non violence, défendu seulement par une mère aimante et un père pacifique, déclenche l’agressivité et la colère des  puissants, on dit qu’Hérode, le Roi de Judée, fit tuer dans son royaume tous les nouveaux nés et que Jésus n’échappa au massacre que parce que ses parents prirent la fuite de Beithleem.


        4 . L'enfant Jésus                                 

         A l’époque les romains aussi bien que les juifs de Palestine se perdaient dans des religions compliquées faites de lectures de textes, de gestes rituels et de récitations de prières, tout cela loin du cœur et de la vraie vie. Le pays était occupé par Rome et les chefs, religieux comme le Grand Prêtre ou civil comme Hérode, collaboraient sans trop réagir ; à la même époque, des activistes d'un mouvement de libération, les Zélotes, se faisaient arrêter.
         Face à toutes ces complications, Jésus dès l’âge de huit ans trouva en lui-même, et vraisemblablement dans l’enseignement qu’il avait reçu de ses parents, assez de conviction pour affirmer publiquement dans un lieu public, le Temple de Jérusalem, une parole d’enfant juste, simple, claire et nette ; parole qui fut bien reçue et provoqua un étonnement favorable des humbles.  

        Mais lorsque, pour répondre aux docteurs et gardiens de la loi religieuses, Jésus remit naïvement en lumière les évidences premières, ces vérités fortes sorties de la bouche d’un enfant créèrent chez les prêtres la suspicion... Peut-être même suscitèrent-elles déjà chez ceux qui avaient reçu en héritage l’instruction, le pouvoir et la richesse, leur hostilité et leur projet de fermer cette bouche rebelle.

    …  Quand on connaît la vie de Jésus, on peut imaginer en quoi consistait cette parole simple et évidente – ou ce qu’elle deviendra quelques années plus tard : «  Chacun devrait écouter ce qu’il a à l’intérieur de lui, son cœur, son âme car ce que chacun a de mieux à faire c’est de chercher quelle est sa vocation, sa légende personnelle, son chemin de vie, et de suivre ce pour quoi il est programmé, d’y être fidèle…comme les charpentiers, les  maîtres d’école, les voyageurs ou les gardes champêtres…  sachant qu’on est tous programmé , avec des variantes et des formes de réalisations différentes, pour aider et aimer les autres, pour être mère, père, ami, conseiller… et aussi pour faire fleurir la nature, devant sa porte , dans son jardin potager ou dans la forêt de chênes verts sur les pentes du Golan. Cela  afin que l’on approche toujours plus de la Jérusalem merveille du monde ».

         La suite de cette parole, c’est que Jésus prônera toute sa vie la non violence, qu’il affirmera que la haine, l’agressivité, la guerre, la destruction, et même la lutte pour acquérir, conquérir, posséder, s’agrandir, se renforcer, sont des erreurs coûteuses pour les autres mais aussi pour soi.

        On peut imaginer que c’est d’une humanité pleinement vécue et assumée que lui est venu cet élan, cette sagesse, cette certitude et cette tolérance, ce dynamisme, cette aide intérieure ou extérieure qu’il appelle père – mais que dans une autre civilisation, dans une autre langue, il aurait pu  appeler mère [ comme le font les fidèles à Oroville en Inde près de Pondichéry ] ou frère ou d’un autre terme de proximité respectueuse -. Pour certains, cette force extraordinaire, disent-ils, vient de Dieu. .    Ainsi s’explique cette réponse que, selon les Évangiles, il fit à sa mère qui le questionnait :  « Ne fallait-il pas que je m’occupe des affaires de mon père ? »
          Quoi qu’il en soit, c’est parce qu’il était en train de formuler ces évidences avec cette force naïve et entêtée de l’enfance qu'il laissa partir ses parents qui le croyaient devant avec les autres enfants.

         Le reste du temps, on peut imaginer dans le village de Nazaret la vie avec sa famille d’un fils de charpentier qui mûrit en lui la Bonne Parole.

         5. Jésus quitte sa famille et commence sa vie publique 

         À l âge où il aurait pu reprendre l’atelier de charpentier et succéder à Joseph son père, Jésus quitta ses parents et Nazareth son village pour partir sur les routes et faire partager ses idées. C est qu’il s’était rendu compte que les hommes, juifs ou non juifs, souffraient beaucoup de leurs illusions, de leurs envies, de leurs désirs de richesses ou de pouvoir et de leurs habitudes de jalouser les  autres ou de leur être hostiles. Tous avaient besoin de recevoir cette vérité qu’il venait clamer, cette bonne nouvelle, et par amour pour eux , il voulait  la leur transmettre.

         Il parcourut le pays. Tantôt il s’arrêtait dans une bourgade chez les gens qui voulaient bien le recevoir, lui et ceux qui avaient décidé de l’accompagner parce qu’ils croyaient en sa parole, ses disciples, les apôtre comme on les appelle. Tantôt, d une barque sur le Lac de Tibériade, il s'adressait à la foule  qui s’amassait sur le rivage. Tantôt, il parlait à ses proches pendant un repas pris en commun.
          On dit que sa sollicitude et son souci des autres étaient tels qu’un jour, pour nourrir la foule venue écouter sa parole, il multiplia les quelques pains et  les poissons dont ses amis disposaient. Un autre jour, à un mariage, pour que les époux n’aient pas la honte de manquer de boisson, il transforma des jarres d’eau en vin.
         Que disait cette parole qu’il  ne cessait de proclamer ? Que l‘amour et la fraternité, la non violence et l'esprit de paix, la pauvreté et la générosité étaient les seules voies qui conduisaient à la dignité , à la liberté,  au vrai bonheur et à  une harmonie assez grande avec le monde pour pouvoir s’élever au-dessus de lois physiques habituelles..
           Un jour, joignant le geste à la parole, il chassera du temple, la maison réservée au recueillement et à la prière, les marchands installés là pour faire leurs affaires en profitant de la naïveté publique. Il répétait souvent qu’il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume de son Père, royaume de la paix intérieure et de la sérénité. Aux riches qui l’écoutaient, il disait :
         « Jetez cette fortune ...sous prétexte de vous donner du pouvoir , elle vous rend lourds et impuissants; abandonnez ces héritages trop pesants  que vous avez reçus et qui vous  procurent plus de soucis que de satisfactions. Donnez tout cela  à ceux qui sont très pauvres afin qu’ils puissent survivre.  Oui ! Laissez tout cela et suivez la voie que je vous montre. »

       Mais on dit que peu de riches eurent le courage, comme  plus tard  François d’Assise, de tout abandonner et le suivre.


    6. Jésus lutte contre les forces de mort

         On dit que Jésus prônait la paix et la non violence et qu’il refusait toute forme d'oppression  ou de pouvoir sur autrui. De cela, il témoignera avec force par son attitude et ses paroles lors de son arrestation et de son procès.
       Il précise ces idées dans ce que l’on a coutume d’appeler le «  Sermon sur la Montagne. » :
    «   Bienheureux les pauvres en esprit , ceux qui se laissent guider par l’esprit et qui ne se laissent pas aveugler par leur intelligence  pour toujours affirmer qu’ils ont raison.  
    Bienheureux les artisans de paix  et  ceux qui acceptent de souffrir en luttant contre l’injustice. Bienheureux les doux, les miséricordieux, ceux qui savent  pardonner et voir plus loin que les  insultes  qu’on peut leur faire .
    Bienheureux ceux qui n’habitent  pas là où habite la
    dérision.
         Ailleurs, il condamne le meurtre, et même la colère ou l’injure contre un frère humain.
         À l’inverse, il prône l’entraide, la coopération et l’amour de ces prochains dont on doit au moins respecter la dignité .
         Il arrivait, dit-on, que par sa seule parole, il guérisse des malades, des paralytiques ou des aveugles. On dit même qu’un jour son émotion, son chagrin et sa compassion étaient si grands qu’il rappela à la vie son ami Lazare qui venait de mourir.  

         Il pardonnait les erreurs et les fautes - ce que bien plus tard les juges sévères de l’Eglise appelleront les péchés - à ceux qui en avait commis, rendant  leur dignité à ceux ou celles qui , par agressivité, par bêtise ou par choix ne se conduisaient pas comme les autres , ceux qu’on avait mis au ban de la société : c’est ainsi qu’il défendit Marie Madeleine contre ceux qui voulaient la lapider à cause de sa conduite amoureuse trop libre.

         Cette parole juste, simple et forte inquiétait les puissants, les riches et ceux qui, étant  maîtres des règles de la religion, s’en servaient pour faire tenir les gens tranquilles et maintenir leurs privilèges;  c’était le cas de certains chefs religieux juifs, très jaloux du petit pouvoir  qui leur restait et qui collaboraient avec les troupes  romaines d occupation.

         Par contre,  cette BONNE  NOUVELLE était très populaire auprès d une bonne partie du peuple, dont certains leaders, partisan de l’insurrection contre les romains, poussaient Jésus à prendre le pouvoir et à se faire proclamer  roi.
       Mais lui, qui était persuadé que les hommes, pour les siècles des siècles, devaient rester libres, dignes et responsables, leur déclara que cette action agressive de prise de pouvoir ne faisait pas partie de son univers.
         « .Mon royaume n’est pas de ce monde » dit-il et  il refusa de devenir le roi ni le maître de quiconque.


    7. Les rameaux, Jésus acclamé par la foule pour le meilleur et pour le pire

         La popularité de Jésus était telle que le jour où il arriva à Jérusalem la capitale, après sa longue route, on le hissa sur un âne et la foule l’acclama en brandissant des rameaux d’olivier et de laurier. Ce triomphe fut aussi la première phase de sa fin humaine.
         D abord, il fut découragé par l’incompréhension  que ce triomphe manifestait: Son message n avait-il pas été assez clair? Fallait-il  donc qu’il aille jusqu’au bout de son engagement?
         Mais surtout ses ennemis durent craindre que cet insoumis ne menace leur faible pouvoir ou que les occupants romains lancent des opérations de représailles après cette manifestation.
         Toujours est-il qu’ils allèrent trouver un disciple de Jésus qui devait partager leur point de vue afin qu’il leur livre celui par qui arrivaient toutes ces idées simples et nouvelles .
          Ainsi , espéraient–ils, cesseraient la diffusion de cette parole que les gens acclamaient et les rassemblements populaires qu’elle provoquait.
         On dit qu’il en fallait bien un pour porter la responsabilité d’avoir déclenché les événements qui vont suivre: ce fut Judas, un des douze disciples de Jésus, avec qui la postérité ne fut pas tendre puisqu’on l accusa d’avoir fait cela pour de l‘argent et de s’être ensuite pendu de remords au lieu de chercher à se racheter.


    8. Dernier repas Dernières paroles

         Ceux qui  écrivirent les Evangiles, c’est à dire ceux qui rapportèrent plusieurs années plus tard l’itinéraire de Jésus, racontent que quelques jours après le triomphe des rameaux, Jésus réunit ses proches pour prendre un dernier repas avec eux.
         En rompant le pain et en le leur partageant, il leur dit que lui même serait ainsi rompu, rompu comme ce pain. Il leur dit aussi que la mémoire du vin qu’ils allaient boire devait leur rester comme le symbole du sang qu’il allait verser pour témoigner de la Bonne Nouvelle.
         On dit que c’est après ces recommandations que Judas, en avançant sa main vers le plat pour se servir avant Jésus, manifesta qu’il ne le reconnaissait plus comme un maître à respecter et à suivre. On dit aussi que dans la soirée qui suivit d’autres apôtres le renièrent.
     
         Après le repas, Jésus se retira sur une colline proche des remparts de Jérusalem et plantée d’oliviers, le Mont des Oliviers.  Là, il était seul, abandonné de ses disciples qui s’étaient endormis. Mais surtout, il se trouva aussi abandonné de cette force surnaturelle qui l’avait soutenu jusqu’alors, qu’il implora en vain et à qui il fit ce reproche :  « Père, Père, pourquoi m’as tu abandonné ?. » À partir de ce moment là, il attendit la suite de la tragédie dans une angoisse qui le couvrit tout entier d’une sueur d’eau et de  sang.
       Ensuite tout alla très vite.
     
    9. La passion, Jésus paye le prix de sa Bonne Parole

    Tout se passa très vite : On raconte que Judas vint donner à  Jésus l’accolade pour le désigner aux hommes d armes venus l’arrêter sur ordre du Sanedrin, le tribunal religieux juif. Cependant , ne voulant pas porter seul la responsabilité de le condamner, les responsables pharisiens firent conduire Jésus devant le préfet romain à Jérusalem , Pilate . Celui-ci, après s’être contenté de faire fouetter Jésus pour les désordres publics qu’il avait créés, l’abandonna aux mains de ses juges..
         C’est alors que des soldats facétieux et violents, qui n avaient pas oublié les paroles de Jésus quand il avait refusé la royauté, lui mirent sur la tête, par dérision, une couronne d’épines et dans
    la main, en guise de sceptre, un roseau.
          Pendant tout le procès, Jésus bien que seul et abandonné de tous, ne céda pas . Il ne renia pas les idées qu’il défendait et qui avaient soulevé l’espoir des pauvres et des humiliés: force de l’amour, de la non violence et de la pauvreté, dangers de la richesse, de la violence et du pouvoir. 
         Comme par son attitude et ses paroles il persistait dans ses déclarations, il fut jugé pour son esprit de rébellion autant que pour sa non obéissance aux règles établies de la religion. On le condamna à être cloué sur une croix, supplice réservé aux esclaves criminels.
         Le supplice eut lieu l’après-midi . On dit que vers trois heures quand son gibet eut été dressé sur le Mont Golgotha, la colline des suppliciés, à côté de ceux d’autres condamnés, Jésus poussa  un grand cri et il expira. Ses souffrances à ce moment là seulement cessèrent.

         Pour marquer combien ce moment fut important, les Évangiles disent qu’à ce moment là le           grand rideau du  Temple se déchira et que le ciel s’obscurcit comme s’il allait  faire nuit. 
         Depuis, les chrétiens d’occident se sont saisi de ce symbole douloureux pour représenter, la religion chrétienne. Ils ont aussi imposé l’idée que c’était par la faute de nos péchés, à nous pauvres citoyens sans importance, que Jésus avait subi la crucifixion .

       Le soldat chargé d’achever Jésus, au lieu de lui couper les jambes comme cela se faisait habituellement, se contenta de lui percer les flancs d’un coup de lance: il en sortit un liquide mélangé d’eau et de sang qu’un fidèle, Joseph d’Arimathie, recueillit dans un vase. Ce vase devint l’objet de la légende du Graal que des chevaliers au Moyen-âge tentèrent en vain de retrouver.

        9. Jésus : mise au tombeau et résurrection


       Quand sa mère douloureuse et ses amis effondrés eurent descendu Jésus de la croix, ils le mirent dans le tombeau que Joseph d’Arimathie avait préparé pour lui-même. C’était, disent les textes, une cavité creusée dans le rocher et dont on pouvait condamner l’ouverture en roulant devant elle une lourde roche. La dépouille de Jésus fut déposée dans un suaire et tous se retirèrent par crainte des soldats.

         Le surlendemain, la mère de Jésus et ses compagnes vinrent au sépulcre apporter des aromates pour que se conserve plus longtemps le corps de leur bien aimé. Elles trouvèrent la lourde pierre poussée et le tombeau ouvert. Un jeune homme en robe blanche, un ange disent les textes, se tenait à l’entrée et leur demanda ce qu’elles cherchaient. Quand elles eurent répondu, il leur déclara alors que Jésus de Nazareth les avait précédées en Gallilée.
         Les textes des Evangiles disent qu’à partir de ce jour, Jésus apparut plusieurs foi à ses disciples, sur le chemin d’Emmaüs et ailleurs dans Jérusalem et en Palestine.

         Comment Jésus apparut-il ? Avec son corps humain, de chair, que Thomas le disciple reconnut en mettant ses doigts dans les trous des clous et sa main dans la plaie du côté ?  Avec un corps recréé par le désir, l’amour et l’imagination de ceux qui l’aimaient ? Avec ce corps glorieux, transparent, rayonnant, qui quittera le monde d’ici-bas pour rejoindre cette force surnaturelle qui le guidait et qu’il invoquait en l’appelant Père, corps glorieux de ressuscité que les Églises d Orient honoreront plus que la croix et le corps supplicié qu’on vénère en occident?

         Nous ne trancherons pas parce que ces trois propositions reprennent les termes de la querelle qui a fait couler beaucoup d’encre, de paroles et de sang sur la nature de Jésus [seulement Dieu, seulement homme, ou Dieu fait Homme comme l’affirme l’Église Catholique.], et parce que c’est une question très intime de foi pour « celui qui croyait au ciel et [pour] celui qui n’y croyait pas. »

         Ce qu’il y a de certain, c est que l’affirmation de la mort de Jésus et de sa résurrection, exprime avec une force symbolique inouïe les vérités qu’il avait clamées toute sa vie :

    le pouvoir, l’injustice, la richesse, l’avidité, la jalousie, l’esprit de conquête, la guerre, la peur et la   haine conduisent à faire régner les forces de la mort;

    la vie selon l’esprit et la fidélité à soi-même, la non violence ,  l’esprit de justice et de paix , l’amour, la compassion, la générosité et la pauvreté sont sources de vie et de résurrection.

    Et maintenant , que ceux qui ont des oreilles entendent.


                                                                     Vientiane décembre 2011-Rochefort Janvier 2012


     





     
     

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